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Conférence : Densification urbaine |
Faites connaissance avec la conférencière : En quarante ans, comment votre regard sur Toulouse a-t-il évolué ? Je suis née à Lyon, ville industrielle. Quand je suis arrivée à Toulouse, ma première impression a été que ce n’était pas une ville ouvrière et industrielle comme celle d’où je venais. À l’époque, et même si j’ai bien conscience qu’il s’agit d’un cliché, c’était, vue de Lyon, une ville du Sud, latine, un peu « provinciale » et rurale, dans la mesure où elle était dépourvue de « banlieues » et que, dès les portes de la ville franchie, on était à la campagne… Une ville donc de grande étendue, mais quasiment sans agglomération. Entre le milieu des années 1970, où je m’y suis installée, et 2021, elle a profondément changé : elle a connu une des plus fortes croissances démographiques des villes françaises en relation avec un développement économique conséquent, marqué en particulier par l’essor de l’aéronautique européenne ; ce développement a largement bénéficié de décisions de l’État qui y a décentralisé, après l’aviation, le CNES, mais aussi la Météo, autant d’implantations qui y ont amené, chercheurs, techniciens, cadres, ingénieurs ; elle est aujourd’hui dotée d’un appareil de formation et de recherche parmi les tout premiers de France, attirant plus de 100 000 étudiants, qui vivent pour une grande part dans la ville, contribuant largement à son animation ; elle s’est « étalée », hybridant les espaces ruraux qui l’entourent, formant une aire urbaine élargie aux départements voisins. La crise pandémique accentue-t-elle ces interrogations ? La crise traversée cette dernière année confronte Toulouse à des enjeux semblables aux autres métropoles : rester désirable, habitable, hospitalière. Les politiques publiques, qui s’étaient déjà infléchies pour s’adapter au réchauffement climatique et à la transition écologique, revisitent l’offre de mobilité. Elles interrogent un modèle d’urbanisation qui doit désormais articuler usage modéré du foncier – sans recourir pour autant à une densité agressive ou perçue comme telle – pour répondre aux attentes sociales qui se sont exprimées « avec les pieds » (ainsi l’« exode des citadins », à l’annonce du confinement, vers la maison et la pleine nature). Mais plus que dans d’autres métropoles, elles doivent hâter une diversification économique, à l’agenda depuis longtemps, que le ralentissement (durable ?) de l’industrie aéronautique rend nécessaire et qui doit être compatible avec les objectifs de décarbonation. D’aucuns ont pu évoquer un scénario catastrophe comparable à l’effondrement de Détroit, rien de tel à l’horizon, du moins pour le moment, malgré les difficultés rencontrées par la sous-traitance d’Airbus, qui impactent aussi des bassins d’emplois en dehors de la métropole et l’inquiétude qui demeure sur la reprise des déplacements en avion. Pour ce faire, Toulouse a des atouts et en particulier des compétences affirmées dans les systèmes embarqués, qui peuvent trouver d’autres champs d’application. Cette métropole, sur le berceau duquel l’État « bonne fée » s’est continûment penché, s’interroge sur sa trajectoire et, après avoir structuré une intercommunalité devenue indispensable, s’engage dans de nouveaux dialogues à une autre échelle territoriale, celle des espaces périmétropolitains avec lesquels elle expérimente des contrats de réciprocité. Voilà, à grands traits, quelques éléments sur la situation toulousaine… |
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